PRISE EN COMPTE DU GENRE EN 2022
Les sections ci-après traitent de la façon dont l’Assemblée a intégré une perspective de genre dans ses rapports et ses résolutions, ainsi qu’au programme de ses réunions. Elles s’intéressent également aux différentes façons dont l’Assemblée promeut la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité de l’ONU sur le programme FPS et en soutient les objectifs.
L’année 2022 a représenté un tournant radical en matière de sécurité euro-atlantique. Par sa nouvelle invasion à grande échelle de l’Ukraine en l’absence de toute provocation, la Russie a relancé la guerre sur le continent européen et violé les principes les plus élémentaires de l’ordre international fondé sur des règles. L’OTAN a réagi avec détermination et unité. Lors du sommet de Madrid en juin 2022, les chefs d’État et de gouvernement des pays alliés ont adopté un nouveau concept stratégique, lequel sert de cadre à l’adaptation de l’Alliance à un paysage de sécurité radicalement différent aujourd’hui.
Plusieurs rapports et résolutions de l’Assemblée ont souligné toute l’importance de continuer à veiller à la réalisation des objectifs du programme FPS durant cette période de bouleversements et de changements profonds.
Dans sa contribution au concept stratégique de l’OTAN, l’Assemblée a invité les dirigeants alliés à entériner l’engagement de l’Organisation en faveur du programme FPS dans le concept stratégique. Ce programme « est une dimension essentielle du rôle et de la contribution de l’OTAN en tant qu’alliance de démocraties », a rappelé l’Assemblée avant d’inviter l’OTAN à « continuer de placer la mise en œuvre effective du programme FPS au cœur de ses travaux ». Pour cela, l’OTAN doit montrer l’exemple et «redoubler d’efforts pour faire avancer l’égalité femmes-hommes au sein de ses structures politiques et militaires, à tous les niveaux, y compris les plus hauts ». Irene Fellin, représentante spéciale du secrétaire général de l’OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité, a réitéré cet appel lors de son intervention à la session de printemps de l’Assemblée.

Irene Fellin, représentante spéciale du secrétaire général de l'OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité, Vilnius, mai 2022

Tomas Vasalek, Slovaquie, rapporteur général de la PC
Ces demandes ont été entendues. Le nouveau concept stratégique adopté à Madrid au mois de juin 2022 engage les Alliés à tenir compte:
De la thématique femmes, paix et sécurité dans toutes nos tâches et à continuer de promouvoir l’égalité des genres, conformément à nos valeurs.
La résolution 479 portant sur l’OTAN après le sommet de Madrid invite instamment les Alliés à « maintenir la dynamique ». L’auteur de la résolution, Tomas Valasek (Slovaquie), a ajouté, dans son rapport concernant l’adaptation politique et sécuritaire de l’OTAN en réponse à la guerre menée par la Russie, que « la pleine émancipation des femmes - c’est-à-dire de la moitié de l’humanité - est cruciale pour l’instauration d’une paix et d’une sécurité durables ».
La déclaration 474 (« Solidarité avec l’Ukraine ») adoptée lors de la session de printemps de l’Assemblée à Vilnius, en mai 2022, qui condamne dans les termes les plus vifs la guerre d’agression brutale menée par la Russie contre l’Ukraine en l’absence de toute provocation, a exprimé la profonde inquiétude de l’Assemblée « face aux risques accrus auxquels sont exposés les groupes les plus vulnérables en temps de conflits, en particulier les femmes et les enfants, y compris le risque de violences sexuelles et de traite des êtres humains ».
Intégrer la dimension du genre
Les membres ont également intégré la dimension du genre et ses perspectives dans plusieurs rapports portant sur différentes priorités de l’Alliance.

Linda Sanchez, États-Unis, rapporteure spéciale de la CDS
Le rapport de Linda Sanchez (États-Unis) sur la résilience des sociétés alliées au changement climatique a observé que « les changements climatiques touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles ». La rapporteure a demandé aux Alliés d’intégrer la dimension du genre dans le programme sur le climat et de «s’engager plus résolument à doter les acteurs de la société civile des moyens qui leur permettront d’œuvrer au renforcement de la résilience et de la préparation du secteur civil auprès des femmes, des minorités ethniques et des communautés autochtones ».
Le rapport de Joëlle Garriaud-Maylam (France) portant sur l’amélioration de la résilience des sociétés alliées face aux menaces cybernétiques a exhorté les Alliés à « prendre des mesures concrètes en vue de remédier aux disparités actuelles entre les hommes et les femmes parmi les spécialistes de la cyberdéfense ».

Joëlle Garriaud-Maylam, France, rapporteure générale de la CDS

Ahmet Yildiz, Türkiye, rapporteur de la PCTR
Dans son rapport sur la situation en Afghanistan, Ahmet Yildiz (Türkiye) a regretté que les « restrictions imposées par les talibans interdisent aux femmes et aux filles l’accès à l’éducation et à la vie professionnelle ».
Rodrigue Demeuse (Belgique), dans son rapport portant sur la préservation de l’espace humanitaire pendant les conflits, a, quant à lui, déploré que les « décisions obscurantistes » prises par les talibans rendent « l’apport d’un soutien plus conséquent aux activités humanitaires dans le pays [...] inenvisageable tant que le régime n’offrira pas des garanties concernant la préservation des acquis des 20 dernières années dans le domaine des droits humains, notamment ceux des femmes».

Rodrigue Demeuse, Belgique, rapporteur de la CDSRCS

Michal Szczerba, Pologne, rapporteur de la ESCTD
Le rapport de Michal Szczerba (Pologne) sur les Balkans occidentaux a déploré que «la proportion des femmes actives sur le marché du travail » dans les Balkans occidentaux soit « parmi les plus basses d’Europe », ce qui a « coûté très cher à la région et compromet ses avancées en matière économique et de démocratie ».
Un rapport initialement établi par Luca Frusone (Italie) sur les défis migratoires a indiqué que « l’Alliance a conscience que les conflits armés et les facteurs d’inégalité hommes‑femmes, d’instabilité politique et de pauvreté qui y sont liés peuvent provoquer une augmentation spectaculaire du nombre de personnes déplacées et appauvries, vulnérables à l’exploitation et à la migration forcée ».

Luca Frusone, Italie, rapporteur faisant fonction du GSM
En parallèle, la question du genre a été intégrée dans plusieurs activités de l’Assemblée. À titre d’exemple, lors d’une visite aux Pays-Bas, les membres ont débattu des efforts réalisés par le pays pour faire progresser le programme FPS. Le séminaire Rose-Roth qui s'est tenu à Pristina a également mis en lumière les avancées réalisées par le Kosovo dans la promotion du rôle et de la contribution des femmes au secteur de la sécurité.

Visite de la CDS et de la PCTR aux Pays-Bas, mai 2022

Séminaire Rose-Roth à Pristina, octobre 2022
Au cours de la session annuelle qui s’est tenue à Madrid au mois de novembre 2022, la cheffe de la délégation espagnole, Zaida Cantera, a organisé un débat ouvert aux membres féminines de l’Assemblée sur le rôle des femmes dans la défense et la sécurité.
En 2021, en créant le prix Femmes pour la paix et la sécurité, l’Assemblée a pris une importante mesure pour afficher son soutien aux objectifs du programme FPS. Décerné en consultation avec la représentante spéciale du secrétaire général de l'OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité, ce prix vise à mettre à l’honneur une femme ayant démontré, dans le cadre de fonctions politiques, diplomatiques, militaires, associatives et/ou académiques, un dévouement exemplaire et reconnu aux fins :
1
D’encourager une participation égale des femmes et des hommes dans le domaine de la paix et de la sécurité
2
De prévenir les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits et d’assurer la protection des femmes dans les situations de conflit
3
Et/ou d’intégrer autant que possible les besoins et les perspectives des femmes dans les initiatives de soutien et de redressement dans les pays en situation de post-conflit
Par l’intermédiaire de ce prix, l’Assemblée espère combattre les préjugés et les tabous en mettant en valeur le travail crucial en faveur de la paix et de la sécurité réalisé par les femmes dans les secteurs politique, diplomatique, militaire, associatif et académique. À travers leurs réussites, les femmes récompensées pourront servir de modèles et de source d’inspiration à d’autres personnes.
Pour l’édition 2022 (le deuxième prix décerné), les délégations de l’AP-OTAN ont proposé six candidates. En novembre dernier, le prix a finalement été décerné à Olha Stefanishyna, vice‑première ministre ukrainienne chargée de l’intégration européenne et euro-atlantique, à l’occasion de la session annuelle de l’Assemblée à Madrid (Espagne). Mme Stefanishyna a accepté le prix « au nom de toutes les Ukrainiennes qui déploient tous les efforts possibles pour protéger leur pays, leurs familles, les vies et tout ce en quoi nous croyons face aux envahisseurs russes ».
Par le choix des intervenants et intervenantes qu’elle invite à ses réunions, l’Assemblée est à même d’encourager la participation des femmes au monde de la défense et de la sécurité, qui est l’un des objectifs du programme FPS. S’il va de soi que la qualité des interventions reste le principal critère de sélection de ces experts, l’Assemblée a toutefois fait en sorte, au fil des ans, en dépit de résultats mitigés, d’inviter davantage de femmes à niveau d’expertise égal.

Olha Stefanishyna, vice-première ministre pour l'intégration européenne et euro-atlantique de l'Ukraine, Madrid, novembre 2022

J’accepte ce Prix au nom de toutes les Ukrainiennes qui déploient tous les efforts possibles pour protéger leur pays, leurs familles, les vies et tout ce en quoi nous croyons face aux envahisseurs russes.
Les données ci-dessous reflètent le ratio hommes-femmes des intervenants invités aux réunions de l’AP-OTAN au cours des sept dernières années (séminaires et sessions). Elles ne portent que sur les experts indépendants, l’Assemblée n’ayant quasi aucune marge d’influence sur le choix (et donc le genre) des interlocuteurs officiels. Les données varient fortement d’une année à l’autre. Il n’en reste que l’année 2022 se situe incontestablement dans le bas de la fourchette, en avant-dernière position depuis 2016.
ANNÉE
POURCENTAGE D’INTERVENANTES INDEPENDANTES
NOMBRE TOTAL
2022
20%
40
2021
33.3 %
54
2020
54.5%
11
2019
27%
48
2018
23%
65
2017
25.3%
75
2016
14.3%
63
En 2022, le secrétariat international a continué à donner plus de visibilité aux travaux réalisés sur la question « Genre et sécurité » dans une rubrique dédiée à la question sur son site internet ainsi que sur les réseaux sociaux, notamment par le biais d’une campagne menée à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Depuis 2021, il publie également une version numérique améliorée et plus ergonomique du rapport annuel sur la prise en compte du genre au sein de l’Assemblée.
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